Les portraits de Tania B nous invitent à
nous interroger à notre présence dans ce
monde à travers la douce invitation de leurs
regards.
Tania a grandi au sein de la jolie banlieue
Nord de Paris, proche de Gonesse, non loin
de Sarcelles et deRoissy. Pourtant ce
n’est pas en France, mais bien à l’étranger,
alors qu’elle n’était encore qu’une enfant,
qu’elle s’initie véritablement à l’art. En effet,
c’est durant un séjour familiale en Russie
qu’elle se confronte dès l’âge de cinq ans à
un véritable choc des cultures, alimenté de
peintures sur bois et de broderies
incroyables.
Plus tard, la jeune fille nourrira son esprit et
son imagination des oeuvres
de Giacometti, de Tapies, d’Egon
Schiele et de toute la vague d’Art Déco
mené par Mucha et consorts. Oscillant
entre graphisme et matière, elle aime le
portrait et les gens, fascinée par le regard et
ce qu’il dit ou ne dit pas.
Afin de s’adonner à sa passion, c’est donc le
plus naturellement du monde, qu’elle
entreprend des études d’arts plastiques, puis
d’art appliqués dans l’expression visuelle
avec l’exploration de techniques picturales et graphiques. Un apprentissage qui lui permet
alors de mêler sa passion pour le dessin et la
possibilité de se découvrir une véritable
vocation en tant qu’artiste dans le domaine
de la publicité. Délaissant progressivement
ses crayons pour ses pinceaux, la peinture
finira par s’imposer à elle comme une
évidence. Installée dans son atelier en
Auvergne, dans un petit village chaleureux
où elle a l’occasion de côtoyer des artistes
talentueux (Marie Noelle Guyot
et Didier Brot), elle se consacre
entièrement à son art.
Peintre de l’expression, les oeuvres de
Tania B sont peuplées de mille
visages connus ou inconnus. Qu’il
s’agisse des visages d’un peuple ou du
monde, ses visages tendent à l’universalité
en choisissant de capturer l’expression du
bonheur, entre sourire et innocence. Dans
son travail, il est possible d’y déceler
l’expression de grands mouvements
énergiques parcourant la toile de parties i
nachevées et révélatrices de la mise en
exergue d’une expression qui donne à voir
l’inscription de l’être dans le monde. Une
impression renforcée par l’utilisation
du collage qui sert de support graphique à
travers une sous-couche qui fait alors office
d’une deuxième peau, usée et daté…
"J’aime aussi l’usure, la notion du temps,
l’imprégnation… La combinaison des deux
serait pour moi la réponse que j’aimerais
donner à mes portraits."
Sensible aux travaux de François Bard et
de Lita Cabellut*, Tania B laisse sa
peinture se dévoiler par un jeu
d’extraction et de rajout. Le regard
fragile des personnages dicte l’orientation
des tableaux alors que les craquelures
appuient une certaine transparence qui nous
invite à une acceptation de l’autre à travers
l’intimité d’un jeu de regards complices.
Julien Mc Laughlin